A l’issue de la tournée américaine, nous avions rendez-vous avec Hervé Poncharal, Team manager de Tech3, président de l’IRTA et, depuis quelques jours, consultant pour GP-Inside.
Nous avons abordé des thèmes aussi divers que le duel dans son propre garage entre Bradley Smith et Pol Espargaro, la performance de Valentino Rossi en Argentine, le choix de pneus de Marc Marquez, la renaissance ou plutôt la naissance d’Andrea Dovizioso et le cas de ‘Rock n’ Roll’ Crutchlow.
Hervé n’étant pas vraiment avare en paroles, nous ferons durer le plaisir en divisant cette interview, qui au final, a plutôt pris la forme d’une discussion, en quatre parties étalées entre jeudi et dimanche.
Hier, nous avons parlé du duel que se livrent Bradley Smith et Pol Espargaro en faisant le parallèle avec ce qui se passe dans le garage factory entre Rossi et Lorenzo.
Aujourd’hui, pour un vendredi soir, moment où vous êtes souvent nombreux, nous aurions pu jouer « le bingo » en publiant la partie sur Valentino Rossi. Pourtant, nous avons choisi de vous livrer celle qui concerne Andrea Dovizioso. Parce qu’il le mérite aussi.
Pilote Repsol Honda considéré comme la seconde ou même la troisième roue du carrosse avant de faire des merveilles sur la M1 de Tech3, l’Italien est désormais un pilote respecté et même très certainement candidat au titre sur une Desmosedici qui désormais fait peur.
Il était temps de le rétablir au rang qu’il mérite, celui de top pilote et c’est exactement ce que vient de faire notre consultant qui garde de Dovi un souvenir impérissable.
GPi : On a souvent passé sous silence les prestations d’Andrea Dovizioso mais quand on y pense, chez Repsol Honda, il était clairement la deuxième voire la troisième roue de la charrette, ensuite, chez toi, il a réalisé de belles choses sur une M1 satellite et maintenant qu’il est enfin pilote d’usine numéro un, il est sensationnel. Je sais que tu apprécies aussi bien l’homme que le pilote alors je suppose que tu es heureux de sa renaissance ?
H.P. : Comme je te l’ai dit et je te remercie de l’avoir rappelé, il y a quelques jours (lire ici), pour moi, c’est le pilote le plus complet et le meilleur qu’on n’ait jamais eu en catégorie MotoGP chez Tech3. C’est clair que c’est quelqu’un qui, peut-être parce qu’il n’a pas le charisme des Rossi, Marquez ou Stoner, a toujours été sous-estimé. En fin de compte, on l’a toujours pris comme second ou même comme troisième pilote au HRC, or, c’est quelqu’un qui a énormément besoin, comme tous les pilotes mais lui particulièrement, qu’on croit en lui. Il a toujours rêvé d’être pilote d’usine, mais pas comme chez Honda où il était la troisième roue du carrosse et où on ne l’écoutait pas, et de pouvoir diriger le développement. Il m’a toujours dit qu’il rêvait de travailler avec le département course d’une usine et qu’on développe la moto en fonction de ses commentaires, ce qui est le rêve de tout pilote.
GPi : C’est maintenant le cas et ça paye.
H.P. : En effet, c’est la première fois qu’il est dans cet environnement et force est de reconnaître qu’on a fait tout un tas de louanges, tout à fait méritées par ailleurs, sur Valentino, par contre, on aura beau dire qu’il y a Dall’Igna etc, c’est, à l’heure actuelle, le seul pilote depuis Stoner qui a réussi à ramener Ducati sur la bonne voie, qui a remobilisé les troupes. Parce que ça aussi c’est très important ! Evidement il y a Gigi mais c’est aussi très important qu’il y ait un pilote qui soit calme, qui ne soit pas sans arrêt dans la polémique, qui travaille avec ses ingénieurs et toute son équipe technique en leur faisant confiance. Il faut qu’il y ait une confiance réciproque. Quand sans arrêt tu dis qu’il n’y a rien qui va, ça ne peut pas marcher. C’était le cas à l’époque de Valentino. Il y avait des tensions énormes entre lui et Preziosi et à un moment donné, il n’y avait même plus de discours, il montait sur la moto parce que contractuellement il devait y aller, il avait jeté l’éponge.
La force de Dovi c’est qu’il a peut-être moins de charisme mais c’est un meneur d’homme dans le sens où c’est quelqu’un qui travaille, qui ne se prend pas pour un surhomme. En fait, Dovi se prend juste pour quelqu’un qui fait partie à part entière de l’équipe technique et il adore pratiquement autant bosser sur le développement et la mise au point d’une machine que le pilotage. Pour lui, piloter et développer c’est un ensemble indivisible. On le voit aujourd’hui, c’est quelqu’un de rapide, bien plus rapide d’ailleurs que beaucoup de monde le pensaient et c’est aussi un pilote que je ne vois pas commettre une boulette à la Marc Marquez, après ça arrivera peut-être et tu me diras que je m’étais trompé mais je n’y crois pas.
GPi : Les pieds sur terre, la vision claire !
H.P. : C’est un mec qui sait ce qu’il peut prendre. S’il sent que c’est 20, il ne tentera pas les 25 à tout prix. Force est de reconnaître qu’aujourd’hui, il a 60 points, donc trois deuxièmes places sur trois circuits différents les uns des autres. Ça veut aussi dire que la moto est bien partout, que lui est bien partout et qu’il est rapide !
GPi : Nous allons l’interviewer à Jerez et je t’avoue que c’est avec une certaine fierté que nous le ferons. Pas une fierté mal placée pour dire « nous, on fait Dovi », non, la fierté de discuter avec un tel pilote !
H.P. : Il le mérite ! IL LE MERITE !! Aujourd’hui, on cite Marquez et Rossi mais Dovi est clairement candidat au titre et aussi bien Marquez que Rossi doivent compter avec.
Je suis très très très très heureux pour lui parce que c’est un mec génial. En plus, il reste accessible et d’une humilité incroyable.
GPi : Un gars comme tout le monde quoi…
H.P. : Exactement ! Sans vouloir dire du mal de qui que ce soit, c’est quasiment l’antithèse de Lorenzo qui n’est pas très ouvert, qui est toujours entouré de 4 ou 5 mecs et que quand tu le vois, il n’y a jamais moyen de lui parler. Dovi est moins expressif qu’un Marquez ou un Rossi mais il ne tire pas la gueule, il est toujours content. C’est un des rares pilotes qui mangeait systématiquement avec nous à l’hospitality. Et puis, quand il s’engage avec quelqu’un, c’est à fond. Il est arrivé chez nous après avoir roulé pour le HRC mais il ne s’est pas senti dégradé. Il aurait pu avoir une attitude un peu prétentieuse vis-à-vis de nous mais pas du tout ! Il nous faisait des cadeaux, il nous a invité chez lui, il s’occupait de nous. Dovi, c’est vraiment une bonne personne ! »
Stay tuned !
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