Xavier Siméon avait déjà brillé au Sachsenring puisqu’il y a deux ans, c’est lui qui avait arraché la pole position au guidon de sa Kalex de chez Stop and Go.
Toutefois, après une chute lors du warm-up, les choses se compliquaient sensiblement et il terminait la course en huitième position.
Mais en 2015, les choses ont changé et déjà avant d’arriver au Sachsenring, il s’était montré confiant en raison d’un set-up de base de sa Kalex qu’il estimait performant sur la plupart des pistes.
Dès vendredi matin, son bon feeling se confirmait puisqu’après une petite chute, il remontait en piste et signait des chronos réellement rapides avec une moto pas entièrement réparée.
Et il n’en restait pas là puisque le samedi, il se qualifiait juste derrière Johann Zarco sur la première ligne de la grille de départ.
Le samedi soir il déclarait que son objectif était de terminer sur le podium. Il ne précisait pas la marche qu’il voulait fouler mais plus que jamais, on le sentait capable de décrocher la récompense suprême.
Et après 4 saisons complètes, avec des hauts, des bas, des joies, des désillusions, des séries noires, des sourires, des larmes mais toujours de la foi, en lui, en son potentiel, en son entourage, en son management, le jour de gloire est enfin arrivé.
Hier, il n’y a pas eu d’Austin bis avec Johann Zarco, il y a eu une frappe chirurgicale au premier virage au terme de trois tours où il reprenait 8 dixièmes au Français et un énorme dernier secteur où il s’était d’ailleurs montré rapide pendant toute la course.
Hier, Xavier Siméon n’a pas tremblé, il n’a pas senti le poids de tout un pays qui attendait une victoire à ce niveau depuis 32 ans.
Le 3 juillet 1983, Didier de Radiguès venait à bout de Christian Sarron et remportait son Grand Prix national…le 12 juillet 2015, Xavier Siméon venait à bout de Johann Zarco pour remporter son premier Grand Prix, celui d’Allemagne. Le noir, le jaune et le rouge.
GPi : Xavier, ton weekend avait mal commencé avec une chute après 8 minutes en FP1, il s’est terminé au nirvana avec ta première victoire!
X.S. : C’est vrai, le weekend avait mal commencé avec une petite chute en FP1 pour une bêtise. Ça m’a embêté sur le moment même, mais après, lorsque l’équipe a réparé la moto, je suis reparti et j’ai directement réalisé de bons chronos en étant à l’aise. J’étais même surpris d’enregistrer ces chronos lors de la première séance avec une moto encore abîmée et un carénage qui pendait devant. Je roulais déjà quatre dixièmes plus vite que le meilleur chrono que j’avais réalisé en qualification l’an dernier. Ça m’a gonflé à bloc et mis en confiance pour la suite du weekend. La moto a été exceptionnelle. Ça fait trois ou quatre Grand Prix que je dis que j’ai une machine qui marche super bien et ce weekend, mon équipe a très bien travaillé. Elle m’a apporté quelques petites améliorations et je ne sais pas si c’est ça qui a porté ses fruits mais en tout cas, ma Kalex allait vraiment très bien.
GPi : Au 21 ème tour, tu pointes avec 894 millièmes de retard sur Zarco et tu n’as mis que trois tours pour le rattraper. Ceci dit, au moment où tu étais derrière Morbidelli, tu n’as pas paniqué quand tu l’as vu s’échapper?
X.S. : Le moment où, entre guillemets, j’ai un peu paniqué, c’est quand Corsi nous a élargi au premier virage et que Zarco est passé devant. Là je me suis dit « merde, s’il passe devant, il va tirer très fort ». Je venais de passer Morbidelli et je voulais essayer de m’échapper et puis voilà que Johann passe devant. J’ai pensé qu’il était très fort en course et que là, avec la voie dégagée, il allait pouvoir s’en aller.
J’étais derrière Morbidelli, j’allais vite, même très vite dans certains secteurs mais je sentais que je n’étais pas à l’agonie. Je pouvais suivre le rythme sans devoir prendre tous les risques. A 10 tours de la fin, j’ai vu que Morbidelli commençait à être en difficulté et que Zarco s’échappait. J’ai alors réussi à placer une attaque sur Franco et là je me suis dit « Xavier, il faut te concentrer. Si tu arrives à revenir sur Johann, tu as une chance de l’emporter. Et justement, j’ai pu revenir rapidement dessus et là, j’ai pensé « soit tu restes derrière et tu tentes dans le dernier tour, soit tu attaques et on voit ce qui se passe », j’ai eu l’opportunité de passer et là je me suis concentré à 200%. Dans le dernier tour j’ai essayé de fermer toutes les portes. Je sentais qu’il était là et qu’il mettait la pression. Il venait de deux victoires, il partait de la pole et on sait qu’après l’incident d’Austin, il n’y a pas de cadeau, c’est normal et voilà, aujourd’hui j’ai saisi la chance qui s’offrait à moi pour gagner mon premier Grand Prix. Ce que j’espère, c’est que ce n’est que le premier parmi tant d’autres.
GPi : Je suppose que cette victoire doit t’enlever un sacré poids des épaules car finalement, quand tu es belge et unique représentant de ton pays en Championnat du Monde, du moins en Moto2, c’est sur toi que tout repose?
X.S. : C’est clair qu’en étant belge, c’est difficile d’échapper à la pression car les espoirs de tous les supporteurs reposent sur la même personne et quand ça ne marche pas, ils ne peuvent pas se rabattre sur un ou plusieurs autres pilotes. Mais c’est aussi une chance et justement, moi j’ai la chance d’avoir de fidèles supporteurs, qui sont là depuis le début pour me soutenir et je suis vraiment très fier d’être belge. J’apporte une victoire à mon pays et c’est une grande fierté. Je suis content de déloger Didier de Radiguès des tablettes, 32 ans après sa dernière victoire en Grand Prix.
Gpi : Au moment où tu passes la ligne et que tu lèves les bras, qu’est ce qui te passe en tête?
X.S. : Là maintenant j’arrive à parler mais j’avais perdu ma voix! J’ai crié comme un fou! Je suis tellement heureux, pour moi bien entendu mais aussi pour ma famille, mes amis, Zélos, le team, mes fans. C’est exceptionnel. Gagner un Grand Prix, c’est gagner en championnat du monde…c’est génial! Ça fait cinq ans que je suis dans cette catégorie et c’est la première année où j’ai réellement le package pour me permettre de gagner. C’est vraiment génial d’avoir pu concrétiser surtout quand on connaît le potentiel de Zarco, Rabat ou Lowes. Les battre à la régulière c’est encore plus gratifiant.
Bravo Xavier et merci pour ces belles émotions. Que ta route soit encore longue et riche en victoires!
Stay tuned!
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