Suter, la société suisse d’engineering déjà détentrice de trois titres constructeurs en Moto2, prépare un retour en force dans cette catégorie pour 2016. Elle vient de présenter les premières lignes de sa nouvelle SRT MMX2.
Cette année, la catégorie intermédiaire des Grand Prix s’est quelque peu transformée en formule mono-marque, le constructeur allemand Kalex fournissant la grande majorité du plateau. Seuls SpeedUp, Tech3 et Suter résistent encore à la domination germanique, avec plus ou moins de succès.
Suter, qui équipe actuellement les teams IodaRacing et JPMoto, a donc mis à profit les enseignements tirés de cette année et des années précédentes pour définir sa nouvelle machine. Le projet est actuellement à la fin de l’étape de conception et les débuts en piste sont prévus avant la fin de l’été.
Les principaux domaines de développement ont été :
– Nouveaux châssis et bras d’oscillation.
– Nouveau link arrière.
– Gamme efficace de réglages.
– Position du pilote, ergonomie et aérodynamique.
Pour en savoir plus, nous avons appelé Didier Langouet, l’homme qui représente la firme suisse sur les circuits.
Didier, où en êtes-vous de ce nouveau projet?
Didier Langouet: « L’étude est terminée, le projet est finalisé et nous en sommes actuellement à la phase de fabrication. La prochaine étape sera le montage puis les essais. Quelques dates sont déjà retenues. Dans un premier temps, les essais se feront avec des pilotes d’essais pour mettre au point et/ou modifier la moto. Puis, finalisée, elle sera mise à la disposition des teams de Grand Prix pour qu’ils puissent prendre leur décision. Ensuite, ce sera la phase de production pour les teams. »
Concrètement, a-t-on une idée du timing?
Didier Langouet: « Le prototype devrait rouler début septembre. »
Quelle est la principale innovation de cette moto, par rapport à l’actuelle?
Didier Langouet: « La Suter qui roule actuellement est globalement celle que l’on a présentée à Valence l’année dernière et dont vous vous étiez fait l’écho. Le modèle 2016 est entièrement nouveau. Il ne s’agit pas d’une évolution de la moto actuelle. Techniquement, la principale innovation est constituée par le renvoi de suspension qui, contrairement à toutes les motos concurrentes, est maintenant situé au -dessus du bras oscillant. On ne pousse plus l’amortisseur de bas en haut mais de haut en bas. Cela est fait pour optimiser l’adhérence du pneu arrière. »
Comment comptez-vous séduire les teams car on sait que l’effet de mode est tel qu’il a engendré la situation actuelle de quasi monopole?
Didier Langouet: « L’effet de monopole n’est évidemment pas propice au développement. Le meilleur exemple en est Johann Zarco qui est en tête du championnat avec un modèle 2014. Nous arrivons avec une toute nouvelle moto et, comme nous avons beaucoup travaillé en tirant les leçons du passé et des enseignements actuels, nous pensons qu’elle sera performante.
D’autre part, un team qui optera pour nos motos bénéficiera de notre collaboration totale, un peu comme un team d’usine et pas comme un simple client. C’est pour cela que nous recherchons seulement deux bons teams, avec au moins un bon pilote par team. Nous sommes relativement confiants. »
Quel est l’effet négatif d’une situation de quasi monopole?
Didier Langouet: « Il est double. Tout d’abord, je ne sais pas si ça a vraiment sa place en Grands Prix. En fait, je ne crois pas. Plusieurs constructeurs engendrent une émulation technique. Peut-être que certains ont une autre vision que la mienne, et peut-être avec de bonnes raisons, mais je ne les connais pas. Le coût n’est pas le facteur qui pourrait expliquer cela, car des études ont montré que le coût d’exploitation des motos est directement lié au nombre de chutes et de châssis détruits, pas à la diversité, surtout en Moto2.
D’autre part, une formule mono-marque est peu propice pour former les pilotes à la MotoGP.
Un constructeur en situation de monopole va fournir ses motos et ses réglages de base à tous ses clients et ils devront se débrouiller avec cette moto qui subira très peu d’évolution; il n’y aura plus la recherche absolue de la mise au point pour aller se battre avec la concurrence. On dira aux pilotes « tiens, tu as la même que ton voisin qui utilise les mêmes réglages que toi. » Forcément, il y aura un champion du monde qui passera en MotoGP mais une fois là, il ne fera rien du tout. On n’aura plus ce niveau indispensable de formation technologique du pilote. A mes yeux, ce point est très important. »
Pour toutes ces raison, on ne peut que souhaiter bonne chance à nos amis suisses !