[Tribune] Pourquoi la pole de Rossi est un événement



À la veille d’un Grand Prix d’Espagne qui s’annonce rocambolesque, Valentino Rossi s’est adjugé une pôle position explosive sur le Circuito Permanente de Jerez. Une performance ô combien magistrale pour un homme qui n’en finit plus d’étonner.

À première vue, cette énième réussite du pilote Yamaha ne semble pas aussi extraordinaire que cela : des qualifications il y en a 18 par an, et son temps référence (1’38.736) est inférieur de presque une seconde au record de la piste. Pourtant, la pôle position du Docteur est d’une symbolique remarquable tant sur le plan humain que sportif.

 

La suprématie des statistiques

Le premier triomphe de l’italien est d’ordre numéraire. Le 19 mars dernier son coéquipier Jorge Lorenzo décrochait au Qatar la 62ème pôle de sa carrière, établissant un nouveau record dans l’Histoire des Grands Prix (toutes catégories confondues). À cette occasion, il ne manquait pas de souligner qu’il venait de dépasser son éternel rival Rossi.

Ce-dernier vient donc de revenir à sa hauteur, égalisant à 62 partout. Alors oui, Lorenzo repassera sans doute devant et Marc Marquez n’est plus très loin (60) de le rattraper à seulement 23 ans. Ce sera sans doute effectif en 2016, mais pour le moment Rossifumi continue de concurrencer des adversaires dont il pourrait presque être le père. Alors que certains le disaient en difficulté après sa chute à Austin, cette pôle est un signe fort : il n’a pas l’intention de lâcher prise et va se battre, encore et encore, sans doute jusqu’en novembre 2018

Rajoutons d’ailleurs qu’il n’est plus qu’à 6 pôles du record absolu de l’australien Mick Doohan en catégorie reine (58 contre 52). Et dans ce classement, un Lorenzo (36) à l’aube de l’aventure Ducati aura bien plus de mal à le dépasser.

 

Un phénix incandescent

Il s’agit de sa première pôle position depuis Assen 2015. Auparavant il y avait eu Valencia 2014, et avant cela Le Mans 2010. Il ne fait plus partie des as de la qualif’ et n’a connu que 12 premières lignes lors des 5 dernières saisons. À titre de comparaison Marc Marquez a fait plus rien qu’en 2015, et même Andrea Dovizioso possède de meilleurs statistiques. Avec Jerez, il en est à 3 premières lignes consécutives : ce n’était plus arrivé depuis l’épreuve de Sepang 2009, théâtre de son dernier titre de Champion du Monde. Six ans plus tard, l’italien n’a rien perdu de sa magnificence.

Plus fort encore, sa dernière pôle à Jerez remontait à 2005. J’avais 8 ans à l’époque, et c’est le premier Grand Prix dont je conserve un souvenir dans ma mémoire. J’en ai aujourd’hui 19, bientôt 20, et Valentino Rossi est toujours là, toujours aux avant-postes, toujours en pôle position, toujours sur ce même circuit qui accueille le Grand Prix d’Espagne.

Je me souviens d’un commentateur sportif qui, à l’issue du GP de Losail 2008 (dont le Docteur termine 5ème après 2 saisons sans titre), affirmait que la page se tournait et qu’il était temps de « laisser la place à la nouvelle génération incarnée par Casey Stoner, Jorge Lorenzo, James Toseland, Dani Pedrosa… ». Nous sommes presque une décennie plus tard et qu’en est-il ?

Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, l’incroyable longévité de Valentino Rossi est indubitable c’est un privilège que d’assister à ses exploits.

 

En profiter

Un privilège, un vrai. Nous sommes spectateurs de quelque chose de merveilleux, merveilleux de voir un homme heureux comme un gamin à Noël en décrochant la 62ème pôle de sa carrière, à 37 ans et après avoir déjà tout gagné. Bien plus que du pilotage, c’est une leçon de vie qu’est en train de nous donner le Docteur. Je pourrais y mettre des centaines de mots, j’en donne trois : « Ne jamais abandonner ».

Car abandonner, l’italien ne l’a jamais fait. L’erreur de Valencia 2006, la débâcle de la saison 2007, la blessure du Mugello 2010, les 2 années noires chez Ducati, la mort de son meilleur ami Marco Simoncelli, la différence d’âge grandissante avec ses adversaires, la désillusion de la fin de saison 2015 […] Valentino en est le parfait exemple, il a connu le pire et figure encore parmi les meilleurs.

Tout a déjà été gagné par l’officiel Yamaha ; même lorsqu’il n’y a plus de défi, il s’en fabrique de nouveaux. Aller chercher une nouvelle pôle par exemple. Pour cela comme pour le reste, il mérite le respect au même titre que ses adversaires le méritent pour d’autres raisons. À ce sujet il faut prier pour que la hache de guerre soit enterrée entre eux… ou au moins dans le camp de leurs supporters.

Car cette saison 2016, et celles qui se profilent à l’horizon, il faut en profiter au maximum. Alors profitons-en, puisque nous sommes aujourd’hui les témoins privilégiés de l’Histoire : celle de l’une des plus grandes icônes de l’Histoire de la compétition moto, sinon du Sport lui-même.

Daryl

Stay tuned !

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