Pour ceux qui estiment que je parle trop des caractères des pilotes et des différences culturelles, que l’on soit né ici ou là; pour ceux qui ne veulent que de la moto, voici: «Vrooom. Vroom. Vrooooooooouuuuuuummmmmm. Vroum. Vroum, Vrooooooouuuuuuuummmmm. (…..) Bray Hill. Vroooouuummmm, vroum, vroum, vroum.»
C’était un petit bout du TT, avec Ian Lougher, qui pilote cette semaine le prototype (suisse, bien sûr) Suter 580 cc deux-temps de 195 CV. Un sacré pari pour ce spécialiste de l’île de Man, mais aussi pour toute l’équipe de Suter Technology, qui a créé cette «bombe» en espérant, un jour, lancer une série internationale où l’on retrouverait d’anciens champions de GP 500 et dompteurs du deux-temps sur une même ligne de départ, avec les mêmes motos.
Cela dit, je vais consacrer la suite de cette «Suissitude» – si on l’avait nommée Brasilianità, je vous y parlerais des conséquences de la tenue des Jeux olympiques à Rio de Janeiro sur le sport motocycliste au pays d’Alexandre Barros – à un pilote qui a, après bien des expériences malheureuses, choisi la France comme nouveau terrain d’activités. Il s’appelle Stéphane Frossard et il vient de remporter, à Lédenon, une manche du Supersport tricolore.
Comme la plupart de ses compatriotes, Stéphane avait pourtant choisi l’Allemagne et la Coupe ADAC Junior 125 pour y faire ses premières armes sur une «vraie» moto, après le pocket-bike. Invité par Fred Corminboeuf, le patron de la double structure engagée en championnat du monde Moto2 – Garage Plus Interwetten (Tom Lüthi) et carXpert Interwetten (Dominique Aegerter et Robin Mulhauser) –, à tester à l’époque une Suter MMX2, il rêvait de faire le grand saut en CEV, en oubliant comme beaucoup d’autres qu’il ratait, du même coup, une marche: la classe Moto3. Il n’est pas le seul à s’être ainsi fourvoyé et, comme aime le rappeler Daniel-M. Epp, le mentor de Lüthi: «Je comprends que grâce aux performances de Tom et de Dominique, la Moto2 soit devenue très populaire dans notre pays, mais jamais elle ne sera une classe formatrice. Pour moi, tous ceux qui, après une catégorie junior, se lancent directement en Moto2, se trompent. Car, ce faisant, il leur manquera toujours une base solide.»
Après quelques courses en CEV Moto2, Stéphane a aussi goûté au championnat d’Europe superstock 600 mais, dans les deux cas et pour différentes raisons (économiques), ses expériences ont fait long feu. Il avait rêvé de GP, il s’est brûlé les ailes – comme tant d’autres – et voilà que, cette saison, il a trouvé un championnat – de France supersport –, une structure et une moto qui lui correspondent. Et il vient de gagner.
Comme quoi, tout ce qui brille n’est pas nécessairement en or. Creuser de gigantesques fossés financiers pour pouvoir dire, un jour, «moi, j’ai roulé en GP», est le pire conseil que l’on puisse donner aux jeunes pilotes. Dont les entourages directs – souvent, la propre famille – devraient se rappeler que l’on ne fait bien, que ce que l’on aime bien. Et se battre pour une 17e place d’une course du CEV Moto2 (devenu championnat d’Europe), alors que ceux qui ont dominé cette compétition ces dernières années ont toutes les peines du monde à entrer dans les points en GP, ne doit pas être tous les jours très excitant.
Stay tuned !
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