Marquez : toujours plus loin toujours plus haut…main dans la main avec Rossi et Lorenzo ?



Alors que le Championnat est en pause et reprendra la semaine prochaine du côté d’Assen aux Pays Bas, les gladiateurs de la catégorie reine vaquent à leurs occupations diverses.

L’essai de la RC213V-S du côté du RedBull Ring en Autriche pour Marquez, un tour du côté du Sokol, le circuit kazakh encore en construction pour Lorenzo et les finitions de son musée pour Valentino Rossi.  

Il faut dire que les sept premières courses ont été intenses pour ces trois hommes qui, pas tant dans les chiffres mais surtout dans la manière, ont déjà démontré qu’ils étaient sur un autre rythme que le reste de leurs adversaires.

En tête du classement général, on retrouve Marc Marquez qui comptabilise 2 victoires, 2 secondes places, deux troisièmes et une treizième pour un total de 125 points.

Il est suivi par Jorge Lorenzo qui, avec 3 victoires, 2 secondes places et 2 abandons totalise 115 points.

Derrière les deux espagnols, Valentino Rossi quant à lui affiche 103 points au compteur grâce à 2 victoires, 2 secondes places, une quatrième et 2 abandons.

Marquez occupe donc la tête du classement général mais pourtant l’impression qui domine est que l’Espagnol a surtout capitalisé, non pas sur les erreurs des deux autres, mais bien sur leur malchance.

En effet, avant d’aborder la huitième manche du Championnat, les trois leaders en sont à une erreur partout. En Argentine pour Lorenzo, en France pour Marquez et aux Etats-Unis pour Rossi.

En revanche, les deux pilotes Yamaha ont chacun dû essuyer un coup du sort avec l’abandon de Rossi au Mugello et le harponnage de Lorenzo par Iannone à Barcelone.

Pour la suite de cet article, il n’est probablement pas inutile de rappeler que si ces deux équipiers ennemis ont été également touchés par la malchance, elle n’a pourtant rien de comparable dans un cas et dans l’autre puisque si Rossi a vu son moteur rendre l’âme alors qu’il se battait en tête de son Grand Prix national, Lorenzo était en totale perdition lorsqu’Andrea Iannone est venu mettre un terme anticipé à sa course.

Il est donc évident que l’espagnol a perdu moins dans cet abandon que ce que Valentino Rossi a abandonné à San Donato, là où le samedi, il était consacré roi du freinage.

Et puis il y a les signes qui ne trompent pas et qui trahissent une certaine fébrilité. Pas du côté de Marc Marquez parce qu’en déposant son équipier de la sorte, on ne peut certainement pas parler de fébrilité, mais bien du côté du HRC.

D’abord la moto et pour comprendre le malaise qui l’entoure, il faut certainement se rapporter aux déclarations de Dani Pedrosa au lendemain des tests officiels qui se sont tenus sur le circuit de Barcelone.

L’Espagnol, désespéré au point d’avoir roulé en course avec le châssis qu’il était censé tester le lendemain lors des essais, ne mâchait pas ses mots : « Marc a fait de bonnes courses, il a pris les bons risques et il a été le plus régulier. La moto lui plaît plus, c’est lui qui l’a choisie […] quand on a choisi la moto, je savais que ce serait très difficile. En novembre, je savais déjà comment était la moto. Mais c’est comme ça ».

Si cette moto ne permet pas au petit espagnol de se battre à la régulière pour le podium, il n’est certainement pas vain de penser que cette même machine ne permet pas non plus à Marquez de dominer outrageusement des adversaires de la qualité de Lorenzo et Rossi.

Et puis, il y a ces négociations, courtes dans un contexte normal mais extrêmement et anormalement longues vue la vitesse à laquelle s’est refermé le marché des transferts.

En effet, il ne fallait pas attendre plus loin que le 19 mars pour que Valentino Rossi verrouille sa selle chez Yamaha et moins d’un mois après, le 18 avril, pour que Lorenzo boucle son transfert pour les rouges de chez Ducati.

A partir de là, il devenait évident que Marquez n’avait plus d’autres choix que de rester chez Honda puisqu’on ne le voyait ni partager le box avec un des deux autres, ni tenter l’aventure Suzuki, Aprilia ou KTM !

Alors pourquoi avoir attendu jusqu’au deux juin pour annoncer l’évidence ? Les zones d’ombre sont encore nombreuses. Il y a les déclarations faites à la presse, avec les sourires de circonstances, il y a les négociations, qu’on devine compliquées mais qui resteront toujours secrètes.

On peut toutefois épingler plusieurs motifs éventuels comme par exemple le montant du salaire qui, pourtant, ne devrait pas avoir posé de problème puisque Honda n’avait certainement aucune intention de perdre un pilote qui, avec une moto qu’on annonce moyenne puisqu’elle prend l’eau avec les écuries satellites et même avec Pedrosa, est capable de se retrouver en tête du Championnat.

On pourrait évoquer les inquiétudes face au remplacement de Shuhei Nakamoto, la tête à penser du HRC voire même des exigences quant au futur d’Alex Marquez, son frère.

Pourtant, le seul motif avancé tient dans le fait que l’espagnol négociait le futur de son équipe et le poids qu’elle aurait dans les décisions portant sur le développement de la moto.

A ce sujet, dans la même interview, Pedrosa s’interrogeait en ces termes : « qu’est-ce qu’il veut dire ? Qu’il veut plus de décisions ? Je ne sais pas bien ce qu’il pense à ce sujet, parce que je n’en ai pas parlé avec lui. Mais le choix de la moto que l’on a est le sien et je n’ai rien eu à voir avec cette décision. Et je n’ai rien d’autre à dire ! »      

Il y a donc deux façons de voir les choses ! Celle de Pedrosa qui se demande s’il veut plus de pouvoir de décision mais elle mène dans une impasse puisque comme il l’a reporté, c’est déjà Marquez qui a choisi l’orientation à donner au développement de la machine.

Et puis il y a peut-être une autre qui voudrait que Honda, face au demi désastre engendré par le choix de Marquez pour le reste des pilotes de la marque de Tokyo, ait tenté de lui ôter la possibilité d’orienter le développement.

A ce sujet, on se souviendra du clash qui avait opposé Marquez à Stoner en 2014 lorsque l’espagnol, mécontent de sa machine, s’était offusqué de voir le développement de la machine confié à Stoner. Il estimait alors que «Stoner a testé la moto avant nous en Malaisie, mais il est clair qu’après un an sans moto, il ne peut pas développer quoi que ce soit »

On ne manquera pas non plus de mettre ce clash en parallèle avec deux interviews de Stoner, la première réalisée en janvier 2016 où il déclarait : « je pense que Marc et son équipe se sentaient en quelque sorte menacés par moi et je ne sais pas pourquoi », et la seconde, plus récente encore, où il estimait que le HRC n’utilisait pas son feedback.

Alors quid ? Que voulait Marquez ? Des garanties sur la compétitivité de sa machine, la possibilité de conserver son mot à dire ?

Il est extrêmement compliqué de répondre à cette question mais ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il ne sait désormais que trop bien qu’avec  une machine même légèrement en deca de celles de ses adversaires, la tâche s’annonce compliquée voire impossible.

Car en effet, pour le moment Marc Marquez occupe la tête du classement provisoire du Championnat du Monde mais quelques craintes subsistent.

Au premier rang de ces dernières on retrouve le fait qu’avec un Rossi ou un Lorenzo en forme, la meilleure place qu’il puisse espérer est la seconde. C’est d’ailleurs lui-même qui déclarait que ses deux victoires étaient avant-tout  due au fait qu’à Austin, il évoluait comme à la maison et qu’en Argentine, le flag to flag l’a bien aidé.

Et puis, bien entendu, on épinglera également le fait que les éléments testés lors des essais au Catalunya n’ont pas semblé apporter les améliorations attendues.

C’est donc avec cette RCV que Marquez va devoir tenir ses adversaires en respect et la mission ne s’annonce pas simple !

C’est peut-être à la lumière de ces considérations qu’il faut lire l’interview accordée à motogp.com.             

 « Honnêtement, 10 points ce n’est rien du tout car si Lorenzo gagne la prochaine course et que je suis troisième, il n’aurait plus qu’un seul point de retard.  C’est mieux que rien, mais nous sommes très proches. Valentino se trouve à seulement 22 points après sept courses, les trois premiers sont en moins de 25 points: on va se battre jusqu’à la fin. 

Sur la piste, lorsque Lorenzo est dans un bon jour, il est très rapide. Il est plus fort que Valentino. Pour moi Lorenzo est plus rapide sur un tour mais d’autre part, Valentino a beaucoup d’expérience, il sait comment tirer profit des situations. Il est très difficile à battre quand il parvient à être rapide. Bien qu’il ne soit pas le plus rapide, il est capable d’être là. Il est très régulier ».

Et la saison prochaine ? Lorenzo s’en ira tester la DesmoGP de Ducati mais personne, à l’heure actuelle, ne peut lui garantir le succès. Viñales devra découvrir la YZF M1 et la cohabitation avec un équipier omniprésent et iconique. Pedrosa restera certainement toujours Pedrosa : un pilote fort mais battu depuis son arrivée en catégorie reine.

Et puis il y aura Rossi et même s’il fêtera ses 38 printemps la saison prochaine, force est de constater que cette saison et quand bien même il soit que troisième au classement général, il dispute une saison d’enfer.

Au Qatar, pour la première, il devait se contenter de la quatrième position et on lui annonçait déjà les pires déboires.

Pourtant, dès l’Argentine, il signait la seconde place en qualification mais abandonnait la victoire en raison d’une mauvaise gestion d’un flag to flag qui, de son propre aveu, avait plutôt bien convenu à Marquez.

A Austin, il commettait une erreur et rentrait bredouille mais non sans avoir affiché une réelle compétitivité pendant tout le weekend.

A Jerez, il surclassait la concurrence rien qu’à la poignée, au Mans il payait au prix fort un très mauvais départ et prenait la seconde place non sans avoir réalisé de meilleur chrono que le vainqueur, au Mugello, après avoir obtenu la pole, il était trahi par la mécanique alors qu’il se disputait la tête de la course avec son équipier et en Catalogne, il signait son grand retour sur la plus haute marche du podium au terme d’un mano à mano avec Marquez.

Aujourd’hui, avec un pilotage impeccable et à la limite, Marquez réalise du 100% en récoltant les points laissés en chemin par les pilotes Yamaha.

Mais la saison prochaine, si la Ducati ne peut pas porter Lorenzo au sommet de la hiérarchie et que Marquez se retrouve dans un lutte à deux pour le titre ? Que se passera-t-il ? Marquez a évidemment les qualités pour venir à bout de l’italien mais il sait qu’il lui faudra un petit quelque chose en plus en dessous de la selle.

Marc Marquez, toujours plus loin, toujours plus haut ? Peut-être mais probablement pas avec cette moto-là !

Stay tuned !

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