Stefan Bradl l’a confirmé cette semaine : il ne disputera pas la saison 2017 du Championnat du Monde MotoGP. Aux dernières nouvelles, l’allemand est en passe de venir renflouer la grille du World Superbike en en devenant l’un des protagonistes. Est-ce pour autant la bonne décision ?
Champion du Monde Moto2 en 2011, Bradl vit actuellement ses derniers mois en catégorie reine. L’aventure aura duré 5 ans dont 3 chez Honda, une demi-saison avec Yamaha et le reste pour le compte d’Aprilia. Un podium et une pole, obtenus à Laguna Seca en 2013, sont à son actif. La même saison il avait décroché la meilleure place finale de sa carrière (7ème) et, sauf retournement de situation, il ne fera pas mieux fin 2016. Il est aujourd’hui 15ème du classement général.
Ces 2 dernières années, l’homme d’Augsbourg n’est que très rarement parvenu à tirer son épingle du jeu. Engagé avec la structure Forward en 2015, il a ensuite profité des clauses de son contrat pour la quitter à la mi-saison (8 courses, 9 points) afin de rejoindre l’équipe officielle Aprilia. Sur une machine toujours en voie de développement, il a difficilement trouvé ses marques et ne comptait que 8 unités supplémentaires en 9 départs.
Le constructeur italien l’a néanmoins prolongé. Pilote et équipe ont progressé, ce qui leur permet désormais de se battre régulièrement pour les places du top-10. Malgré un forfait pour blessure au Sachsenring, Stefan devance au provisoire son coéquipier espagnol Alvaro Bautista. Avec quelques mois de roulage en plus, la RS-GP pourrait bien rattraper son retard et ainsi obtenir ses premiers « gros » résultats. C’est dans cette optique qu’Aleix Espargaro et Sam Lowes aborderont la saison 2017.
Une saison que Bradl ne verra que d’un oeil d’observateur. L’allemand a officiellement refusé les offres répétées d’Avintia et s’en va vers de nouveaux horizons, ceux du Mondial Superbike. « Il y aurait la perspective de se retrouver sur le podium, ce qui est fondamental pour moi. » expliquait-il en début de mois. C’est donc faute d’obtenir un guidon qui puisse lui convenir qu’il a décidé de faire sa valise et quitter le championnat.
Plus d’avenir en MotoGP
S’il est vrai qu’en MotoGP « les bonnes équipes sont devenues plus rares », il aurait été intéressant de le voir avec une Desmosedici entre les mains. L’on dira ce que l’on veut de ses performances, mais son propriétaire Hector Barbera est aujourd’hui 1er des 8 pilotes Ducati après 9 Grands Prix. Il en a terminé 7 dans le top-10 et se bat pour le titre de meilleur privé, un classement dont il est 2ème sur 14. Qu’en aurait-il été avec Bradl ? Personne ne le saura jamais et c’est dommage.
En outre, son départ de la catégorie reine est sans doute définitif. Soyons logiques : s’il s’en va car il ne dispose pas d’une moto satisfaisante, il ne reviendra que si cette condition est remplie… or, les meilleures machines ne sont que rarement (jamais ?) données aux cadors du WSBK. Les Tom Sykes, Jonathan Rea et autres Chaz Davies ont beau y enchaîner les triomphes, rien de compétitif ne leur est proposé en MotoGP. Et dans 3 ou 4 ans les Honda, Yamaha ou Suzuki officielles seront réservées pour des Marc Marquez, Alex Rins, Romano Fenati, Brad Binder […] Il n’est pas idiot et en a conscience : il est presque impossible de fermer la porte du MotoGP pour mieux la rouvrir ensuite.
En revanche, si son souhait est de retrouver le chemin de la victoire, rester en MotoGP lui aurait été inutile. S’il n’a pas eu de propositions de la part de « bonnes équipes » pour 2017, il n’en aurait certainement pas eu pour la suite. C’est officieux mais l’on sait que les guidons compétitifs sont déjà quasiment tous pris jusqu’à fin 2018. D’ici là il y aura une relève en demande de places, cette même relève qui brille actuellement en Moto2 & Moto3. Sans compter que Marquez, Lorenzo, Viñales […] ne comptent pas non plus perdre leurs guidons. Et même avec une bonne moto, il faut encore pouvoir les battre. Le choix de Stefan Bradl est réaliste.
Gagner à nouveau
L’autre bonne nouvelle pour lui est que le passage du MotoGP au Superbike est souvent une bonne chose en termes de résultats. Sur les 5 derniers vainqueurs du Mondial SBK, 3 sont d’abord passés par les Grands Prix (Carlos Checa, Max Biaggi & Sylvain Guintoli). Cette année l’américain Nicky Hayden s’éclate, fait des podiums et a même remporté une manche. Il lutte pour rentrer dans le top-5 du championnat, ce qui est quand même plus épanouissant que ses 2 dernières saisons MotoGP (16ème & 20ème). L’argent coule peut-être moins à flots mais l’homme est plus heureux, et à l’arrivée cela pèse dans la balance.
Bradl a besoin du Superbike pour recommencer à jouer la gagne, mais le Superbike a également besoin de Bradl. L’Allemagne n’a en effet jamais réellement brillé dans la catégorie. En 28 années de WSBK, ils ne sont que 10 à être rentrés dans les points : Ernst Gschwender, Peter Rubatto, Udo Mark, Jochen Schmid, Heinz Platacis, Markus Barth, Jürgen Oelschläger, Alexander Hofmann, Max Neukirchner, Markus Reiterberger. De ces 10 hommes, seul Neukirchner est parvenu à s’imposer : c’était en 2008, à Monza puis Misano. Il détient aussi la meilleure place finale d’un pilote allemand au classement général (5ème).
Le fils d’Helmut a donc l’occasion de devenir le meilleur allemand de tous les temps en Superbike, et le premier à y décrocher la suprême couronne. Connaissant son caractère et ses ambitions, il n’aura d’autre objectif que celui de devenir le n°1. L’Histoire saura s’en souvenir, et elle ne demande qu’à être écrite. Son stylo pourrait s’appeler Honda, même si l’information reste à confirmer. L’allemand a jusqu’au 13 novembre pour rédiger les dernières lignes de sa carrière MotoGP, avant de fermer la page et débuter un nouveau chapitre.
Stay tuned !
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