Avec l’arrêt de la diffusion du MotoGP par RTL Sport, on se doutait que la chaîne privée belge ne serait plus le sponsor de Xavier Simeon, en 2013.
Dans ces conditions, il devenait difficile pour le Bruxellois d’espérer garder son guidon au sein de la structure Tech3, d’autant que ses résultats, en 2012, ont été, jusqu’à présent, en deçà de ses attentes.
En effet, avec cinq abandons successifs et seulement quatre arrivées dans les points – dont une belle huitième place en Allemagne – il était temps de nous attabler avec lui afin d’essayer de comprendre les raisons de cet échec aussi inattendu pour lui que pour nous.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’heure est à la reconstruction : de son mental d’abord, après cette dernière chute si douloureuse en Aragon, de son palmarès ensuite puisque pour séduire, il faut marquer des points, montrer sa volonté, sa capacité de remise en question.
GP-Inside : après un bon début de saison, tu as chuté en France mais tu es malgré tout bien revenu dans le coup, notamment avec une belle huitième place en Allemagne. Malheureusement, la suite a été bien plus compliquée. Que s’est-il passé ?
Xavier Simeon : mes problèmes ont commencé au Mugello où nous étions tracassé sur le package aérodynamique que nous devions recevoir. Nous nous sommes concentrés sur la mise au point de cette partie de la moto en oubliant un peu la recherche d’un bon résultat. Nous avons rencontrés des soucis techniques tout au long des séances et je suis arrivé le jour de la course sans être dans le rythme.
J’ai alors rencontré de grosses difficultés dès le début de la course et puis malheureusement, un adversaire est tombé devant moi et je n’ai pas su l’éviter.
Ensuite, une spirale négative s’est enclenchée. J’ai essayé de passer De Angelis à Indianapolis, on s’est accroché, on est tombé. Ensuite, à Brno, je tombe avec un dribbling de folie sur la moto alors qu’elle fonctionnait très bien. Et puis il y a encore eu la chute à Misano, puis en Aragon.
Mais je pense que le problème a réellement débuté au Mugello car même lors de mon retour, après ma chute au mans, j’ai bien rencontré quelques difficultés à Silverstone mais j’ai de nouveau marqué des points à Assen et au Sachsenring où j’ai clôturé la course en huitième position.
GPi : Et quelle part de responsabilité t’attribues-tu dans ces contreperformances ?
Il y a un problème qui est réel sur la Mistral et c’est son déficit en vitesse de pointe et je me suis peut-être trop obstiné là-dessus.
Mais bon, comme la plupart des pilotes à ce niveau, j’ai une mentalité de compétiteur et lorsqu’on voit qu’on se prend 10 et même parfois 15 km/h sur une ligne droite, c’est difficile à accepter.
Maintenant, c’est dommage parce qu’on sait que la Mistral a un châssis qui est extrêmement performant mais indéniablement, du côté aérodynamique, il y a un gros problème.
C’est évident que par rapport à la saison dernière, notre moto a fort évolué mais les autres aussi et au final, on s’est retrouvé dans une situation fort semblable à celle de 2011.
GPi : Tech3 c’est désormais fini. Quel est le constat ? Un peu d’amertume ?
Ça a été une belle aventure et j’y ai rencontré des personnes exceptionnelles, je ne suis donc pas amer. Et puis, voguer vers d’autres horizons peut être une bonne chose.
GPi : Hervé Poncharal soulevait le fait qu’un tu souffrais parfois d’un problème de concentration. Quel est ton avis sur la question ?
Je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Que j’aie voulu trop bien faire par rapport à la situation dans laquelle nous étions, c‘est peut-être vrai.
Evidemment, le but est peut-être de m’attribuer l’entière responsabilité des problèmes mais je ne pense pas que ce soit conforme à la réalité.
GPi : Bradley Smith a déclaré dernièrement qu’il était heureux de laisser à Louis Rossi une meilleure Mistral que celle qu’il avait connue à son arrivée. Vous êtes finalement mal récompensé pour votre travail ?
Il y a des gens dans l’équipe qui ne veulent pas admettre que cette moto souffre d’un déficit en vitesse de pointe et qui considère que nous ne nous sommes pas assez donnés dessus mais nous sommes au plus haut niveau de la compétition, tous les détails sont importants !
Même si le châssis a fortement évolué et que la Mistral, au niveau des sensations, est une bonne moto, tous les facteurs ne sont pas réunis pour que ce soit une moto championne du monde.
GPi : On sait qu’en moto, beaucoup de choses se jouent dans la tête alors, quand tu tombes une fois, deux fois, trois fois, je suppose que tu as besoin du soutien de ton équipe. A-t-il toujours été adéquat ?
J‘ai de la chance de travailler avec Kaneko Naoya qui n’est pas du genre à vouloir se préserver et se désolidariser de son pilote qui tombe. Il a m’a toujours aidé et continuera à le faire même dans les moments les plus durs comme celui que je traverse actuellement.
Et puis, des personnes de mon entourage ont également été bien présentes, elles m’ont soutenu même quand ça allait mal, sans jamais m’enfoncer. Du coup, quand j’arrive sur une course, j’ai la chance de ne pas trop repenser aux chutes des Grands Prix précédents.
Malheureusement, même quand je n’y pense pas, les chutes se succèdent et j’avoue que la cinquième, en Aragon, m’a fait énormément mal, elle m’a touché au plus profond de moi-même.
J’ai toujours été un pilote qui allait au bout de ses courses et c’est évidemment difficile d’accepter que ces cinq chutes consécutives se soient enchaînées les unes derrière les autres au plus mauvais moment de ma carrière.
Bien entendu, on travaille pour relever la tête à chaque fois mais ce n‘est pas toujours facile.
GPi : Ton aventure avec Tech3 va s’achever dans quatre courses alors, il va donc falloir penser à rebondir, quel serait le scénario idéal ?
Mon désir absolu serait de rester en Moto2 avec une moto et surtout une équipe compétitive mais à l’heure actuelle, je ne peux malheureusement rien garantir puisque le retrait d’RTL ôte, bien entendu, une bonne partie du financement de ma saison…
L’heure est donc relativement grave ou en tout cas, inquiétante, pour Xavier Simeon puisque rien, à l’heure actuelle, ne semble décidé quant à son futur.
Hier, Didier de Radiguès nous assurait qu’il travaillait activement à la recherche d’une solution pour son pilote mais nous n’en saurons pas plus pour l’instant.
Quant à Tech3, nous attendrons maintenant de connaître officiellement le nom du remplaçant du belge même s’il semble évident que ce sera à Danny Kent, le pilote KTM en Moto3, que reviendra la seconde mistral. La première ayant déjà été attribuée à Louis Rossi.
Stay tuned !
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Photo : Lionel Nolette