Cal Crutchlow, Bradley Smith, Pol Espargaro, trois pilotes pour deux places, c’est probablement le prochain casse-tête auquel Yamaha ainsi qu’Hervé Poncharal vont devoir répondre.
Le jeune espagnol, annoncé chez Tech3 par Cal Crutchlow lui-même, est le pilote sur lequel Yamaha semble avoir envie de miser, mais la progression de Crutchlow (second au Mans et quatrième du Championnat du Monde) pourrait amener tout le monde à revoir ses plans.
En tout cas du côté de chez Tech3, mais aussi de chez Rodney Sacks, le CEO de Monster, on n’a pas envie de perdre le Britannique qui, en peu de temps, est devenu une icône du MotoGP.
Toutefois, comme on le sait, Crutchlow veut un guidon d’usine et pour le convaincre de rester, il faudra être en mesure de mettre de sérieux arguments sur la table car Suzuki répète avec insistance son désir de l’embaucher et Ducati, de son côté, devra renouveler, ou pas, les contrats de trois de ses quatre pilotes (Hayden, Spies et Iannone).
« GPi : Hervé Poncharal, où en es le dossier brûlant de Pol Espargaro ?
Lin Jarvis n’était pas au Mans et du coup, on n’a pas su beaucoup avancer. Les Japonais étaient présents mais c’est Lin le négociateur et il sera de retour au Mugello. Le management de Cal Crutchlow était également présent au Mans mais sera aussi sur place en Italie cette semaine, donc je pense que nous avancerons encore sur ce dossier là-bas. Mais c’est clair qu’aujourd’hui, on pourrait très rapidement se retrouver avec trois pilotes pour deux places. Ce sera donc à Yamaha, mais également à Tech3, de voir ce qu’on peut et ce qu’on veut faire.
Une chose importante, c’est qu’en France, Rodney Sacks, le CEO de Monster, était présent et il m’a rappelé, ainsi qu’à Cal, qu’il était à 200% derrière lui. Il estime que SON équipe, c’est Tech3 et maintenant qu’il a la chance d’avoir un pilote compétitif dans ses rangs, il n’a aucune envie de le laisser tomber.
Aujourd’hui, le Britannique est le seul capable de s’immiscer dans la bagarre des « Magical 4 ».
GPi : Je pense qu’on peut directement parler des « Magical 5 », non ?
Je ne voulais pas le dire car si ça vient de ma bouche, certains pourraient mal le prendre mais puisque c’est toi qui le dis… (Rires) !
A l’heure actuelle, il est devant Valentino Rossi mais bon, ça ne veut pas dire qu’il est meilleur que l’Italien. Il a terminé cinquième au Qatar mais sans sa boulette, il aurait éventuellement pu faire mieux. Au Texas, malgré son inexpérience de la piste, il fait 4 et bat un des « 4 fantastiques ». A Jerez, blessé, il termine cinquième et puis au Mans, il en laisse un paquet derrière lui puisqu’il termine second.
GPi : Au fond de toi, un gars comme Crutchlow, tu voudrais le garder ?
Cette saison, Cal est notre leader incontesté mais c’est aussi un garçon avec qui nous nous entendons très bien. C’est un pilote qui est un petit peu sauvage, pas toujours politiquement correct et parfois hors du moule dans lequel on veut formater les athlètes d’aujourd’hui en les transformant en ambassadeurs et en représentants commerciaux. Crutchlow c’est un vrai caractère. Sans vouloir blesser personne, quand on regarde les pilotes en activité, il y a Rossi qui est une icône absolue dont la personnalité a dépassé le monde de la moto, il y a Marquez qui crève l’écran et je pense que Cal fait partie de cette trempe-là.
Probablement parce qu’il aime créer les polémiques, qu’il n’est pas toujours politiquement correct et qu’il provoque le débat. Par exemple, c’est évident que c’est lui qui a monté l’affaire Yamaha – Espargaro en épingle. Parfois, il va probablement trop loin, comme par exemple sur le soutien de Yamaha, je lui dis mais c’est comme ça, c’’st dans son caractère. Il polarise l’attention et avec lui à une conférence de presse, on s’ennuie rarement.
Là, il vient de passer une semaine chez nous, à Bormes et c’est un mec hyper accessible qui colle parfaitement à l’image de Tech3. Il fait partie de la famille Tech3 et si j’ai envie de le garder pour une tonne d’autres raisons, cette raison-là m’est particulièrement chère.
GPi : Et de son côté, il en pense quoi Cal ?
Cal vient d’un milieu modeste, sans être le moins du monde péjoratif et il n’est pas arrivé chez nous par la filière traditionnelle, Moto3, Moto2, MotoGP.
Lui, il a dû rebondir d’opportunité en opportunité, par le BSB, le Supersport…et maintenant, il a réussi à s’imposer en MotoGP, ce qui n’est pas rien parce qu’on en a vu plus d’un se casser les dents en venant du Supersport ou du Superbike.
C’est donc quelqu’un qui aime les relations humaines, la famille et l’amitié et il me dit souvent que s’il avait une baguette magique, ce qu’il souhaiterait le plus, c’est un soutien officiel chez Tech3.
GPi : Steve Parrish a récemment déclaré que Crutchlow devait croire davantage en ses chances de victoire. Tu le vois gagner cette saison ?
Il a une envie incroyable de réaliser de grands résultats, il est plein d’agressivité positive et d’ambition. Mais une fois qu’on parle des performances des motos respectives, si comme tout le monde, il pointe les faiblesses et les points forts de la Yamaha, je sais qu’il se fait quelques complexes vis-à-vis de Lorenzo qu’il considère comme le maître absolu de la Yamaha. Il pense que personne ne peut exploiter la M1 comme lui.
Je suis d’accord avec Steve, c’est une question de déclic ! Quand il est arrivé en Grand Prix, son objectif absolu était de réaliser un top5, ensuite c’est devenu de monter sur le podium et maintenant, gagner dans des conditions normales, sans chute et sans pluie, c’est probablement la prochaine étape à passer.
Quand il a vu Valentino le dépasser, au Qatar, il a vu que les choses sur lesquelles il butait encore étaient réalisables. Il se heurtait depuis le début à Pedrosa et Marquez et puis Rossi est arrivé et lui a montré que même avec une machine moins bien en moteur, on pouvait les passer.
Il a certainement encore des choses à apprendre au niveau du pilotage mais il faut avant tout qu’il prenne confiance et qu’il pense qu’il est en mesure de gagner ».
Stay tuned !
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Photo: Tech3