On le savait, depuis son re-surfaçage, le circuit australien n’a jamais cessé de poser des problèmes presque insolubles aux manufacturiers, et même si de nombreux tests y ont été effectués cette année après la Bérézina de l’année dernière, Bridgestone attendait ce week-end avec une certaine appréhension.
A noter que l’on parle ici de Bridgestone car la société japonaise n’hésite pas à communiquer sur le sujet, tandis que Dunlop, qui rencontre les mêmes problèmes en Moto2 et Moto3, voire pire (11 chutes en FP1 Moto2), se fait pour le moment beaucoup plus discret…
La problématique:
– Depuis 2012, le revêtement est très abrasif.
– Il fait froid.
– Le circuit présente de grandes courbes à gauche qui font monter la température très haut côté gauche, beaucoup moins à droite.
– Le circuit ne présente pas de très gros freinages, ce qui ne fait pas chauffer le pneu avant.
Pour tenter de jongler avec tous ces facteurs antagonistes, la solution apportée par Bridgestone se décompose de la façon suivante:
– Gamme dure de pneus à l’arrière (Soft et Medium pour les Open, Medium et Dur pour les Factory), le tout, en asymétrique, avec une gomme plus dure à gauche qu’à droite.
Pour le moment, aucun gros problème n’a été signalé de ce côté là et, par rapport à l’année dernière, c’est déjà un succès, même si les chronos seront sans doute plus lents!
– Gamme réduite de pneus à l’avant (seulement 2 gommes au lieu des 3 habituelles) répartie entre Extra-Soft, Soft, et un tout nouveau pneu asymétrique, Soft à gauche, Extra-Soft à droite.
Pour les essais, le choix de l’Extra-Soft est la solution sécuritaire car il offre les meilleures performances. Mais personne ne sait si son flanc gauche durera toute la course, et c’est pour cela que Jorge Lorenzo a essayé le pneu avant asymétrique, plus dur à gauche et au centre.
Bridgestone avait pourtant prévenu: pour bénéficier de l’adhérence Extra-Soft à droite, il faut déjà pouvoir incliner la moto de 30°.
Jorge Lorenzo s’est fait piéger au freinage à cause de cela: « Le pneu asymétrique était probablement trop dur pour ces conditions. C’était le pneu en 32 (Soft) à gauche et au milieu et en 31 (Extra-Soft) à droite. Je ne pouvais pas mettre le poids de la moto sur la 31. J’étais proche du centre, sur la partie la plus dure du pneu, et l’avant de la moto s’est croisé sans le moindre avertissement. Il faut apprendre à les utiliser et essayer de faire un choix pour demain parce que l’asymétrique pourrait être une bonne option si les températures sont un petit peu plus élevées. »
Pol Espargaro et Andrea Dovizioso, eux, ont chuté en essayant le Soft symétrique avant, ce qui semble confirmer que la gomme Soft était encore trop dure au vu des températures d’hier.
Pol Espargaro: « Nous avons tout essayé. Avec le Soft, nous étions bien, mais nous avons chuté. Le feeling était très bon et je me sentais à l’aise sur la moto, mais en une milliseconde ,j’ai chuté, sans comprendre pourquoi. On doit vérifier car, avec l’asymétrique, nous ne sommes pas très bien. »
Valentino Rossi, en vieux sage, s’est cantonné à l’Extra-Soft avant, surtout après avoir vu Lorenzo chuter.
Valentino Rossi : « Jorge est tombé au moment même où nous mettions ce pneu avant. Nous avons donc décidé d’attendre un peu pour voir s’il avait chuté à cause d’un problème de pneu. Nous avons choisi de continuer avec notre pneu. J’espère que le pneu avant extra-soft suffira pour la course. Ça dépendra des conditions mais j’ai un très bon feeling avec ce pneu. Nous verrons bien si nous devons essayer l’asymétrique demain. «
Et Marc Marquez, comment a-t-il géré la situation?
De ce que nous avons pu voir, il a essayé les deux qualités de gomme et reste, à ce jour, le seul pilote du Top5 à l’avoir fait…sans être tombé.
Le mot de la fin est apporté par Carmine Moscaritolo, communiquant Bridgestone : « Etant donné que le nouveau revêtement est très abrasif, sur un circuit qui est déjà très exigeant, les nouveaux slicks que nous avons amenés ici sont un peu moins performants. C’est le compromis qu’il faut faire pour allonger la durée de vie du pneu. Le niveau de performance est cependant assez stable. Nous avons vu des pilotes, comme Valentino, qui faisaient leurs meilleurs temps au bout de 20 tours. C’est très positif pour nous parce que même si les chronos seront en moyenne un peu moins rapides, le niveau de performance sera suffisamment régulier sur distance de course et c’est essentiel pour la sécurité des pilotes. »
Source : MotoGP.com