Joan Mir répète que son approche des courses ne va pas changer, mais c’est en train de se produire. Leader du championnat du monde MotoGP, il reconnaît avoir pensé à la lutte pour le titre pendant le Grand Prix de Teruel, préférant calmer ses ardeurs plutôt que de prendre trop de risques et tout perdre.
Joan Mir abordait le Grand Prix de Teruel en leader du championnat du monde MotoGP, une première dans sa carrière et du jamais vu depuis 2000 pour Suzuki. L’étape comportait des pièges, d’autant plus qu’il était condamné à une nouvelle remontée après s’être qualifié 12e, mais il s’en est plutôt bien tiré. L’Espagnol s’est facilement frayé un chemin à travers le peloton, jusqu’à remonter à la 3e place. Un résultat qui lui permet d’augmenter son avance sur Fabio Quartararo (14 points) et Maverick Viñales (19 points), ses deux dauphins au classement général.
Pilote le plus constant du plateau – 6 podiums lors des 8 dernières courses –, Joan Mir sait que la régularité risque de faire la différence pour l’attribution du titre. Et c’est visiblement comme ça qu’il va approcher la dernière partie du calendrier : « trouver le compromis entre vitesse et régularité. » Pour le dire autrement, il est passé en ‘mode championnat’.
On s’en doutait forcément un peu, mais le pilote Suzuki l’a reconnu pour la première fois après Teruel. Il n’a pas encore remporté le Grand Prix mais « le championnat est plus important que de gagner une course », a-t-il dit. Sa course d’Aragon 2 en est d’ailleurs la démonstration : passé 3e au tour 11, il a d’abord tenté de revenir sur Franco Morbidelli et Alex Rins, avant de rendre la main et assurer le podium.
La parole au principal intéressé, assailli de questions sur la lutte pour le titre dimanche soir, lors de la conférence de presse post-GP puis les médias espagnols :
Du calme pendant la course : « Au début je ne pensais pas au championnat, je donnais juste mon maximum. Puis quand j’ai vu que mon feeling avec la moto n’était pas idéal et que je ne pouvais pas combler l’écart avec Rins et Franco, j’ai dit ‘Ok, je me suis fait quelques frayeurs, il est peut-être mieux de rester là où je suis.’ (…) Il y a un moment où je pensais pouvoir les rattraper, puis j’ai vu que non, donc pourquoi continuer à prendre des risques et chuter si je sais déjà que je ne peux pas gagner ? »
Le championnat plutôt que la victoire : « (Gagner) est un de mes objectifs. C’est clair que le championnat est plus important que de gagner une course. Ne pas gagner une course me préoccupe relativement, oui. (Mais) si pour gagner je dois jouer avec le fait de perdre 25 points… La fin du championnat arrive et il faut faire les choses bien. C’est clair que je vais profiter de l’opportunité si elle se présente, le championnat ne me préoccupera pas, mais il faut voir ce que je dois faire pour gagner. S’il faut faire des folies, c’est peut-être mieux de ne pas les faire. Nous sommes très proches au championnat et un ‘zéro’ peut grandement nous pénaliser. »
Valence et Portimao : « Je ne vais pas changer ma stratégie, je vais continuer comme ça, à donner le 100 % et trouver le compromis entre les risques et les points. Chaque fois que la fin de la saison approche nous devons être encore plus intelligents. Il sera très important d’être compétitif à Valence, je pense que le championnat peut un peu se décider là-bas, car après il ne restera qu’une seule course… et pour ma santé, j’aimerais avoir les choses presque conclues là-bas (rires). Je pense qu’il s’agira de ne faire aucune erreur. Il faut être rapide, mais chaque fois qu’on essaie on prend des risques eon peut faire une erreur ; l’important est de trouve l’équilibre entre la vitesse et les risques. »
Non aux consignes d’équipe chez Suzuki pour l’instant : « Je me mets dans la peau de l’autre, Rins, et en ayant encore la possibilité de gagner le mondial, je n’aimerais pas qu’on me dise que je dois laisser passer ou aider l’autre. Je ne le considère pas juste pour Rins, qui a des chances. Chez Suzuki nous sommes tous conscients de la valeur qu’a le fait de gagner le titre pour la marque. C’est possible qu’il y ait plus de risques de perdre le titre s’il ne m’aide pas, mais c’est un risque que je considère qu’il faut prendre. Si ensuite, à Valence, tout est plus clair, et que Rins est par exemple à 24-25 points à une course de la fin, alors ils se poseront la question d’une autre manière. Là ça me paraîtrait très injuste pour Rins qu’il y ait des consignes. »
L’expérience du titre Moto3 (2017) : « C’est un peu différent cette année car sur les premières courses nous n’étions pas favoris ; en Moto3, je me rappelle que nous avons commencé en gagnant la première course et nous avons toujours dû gérer avec la pression. Cette fois je ressens de la pression, bien sûr, mais elle arrive un peu plus tard. C’est aussi un peu différent car beaucoup de pilotes peuvent se battre pour le titre, donc on ne peut faire aucune erreur. En Moto3 j’avais beaucoup d’avance, je m’en fichais presque de faire des erreurs. Là je m’en préoccupe un peu plus, mais nous devons trouver le compromis entre être rapide et régulier. »
Résultats de la course ici. Championnat MotoGP après Aragon 2 : 1. Mir 137 pts, 2. Quartararo 123 (-14), 3. Viñales 118 (-19), 4. Morbidelli 112 (-25), 5. Dovizioso 109 (-28), 6. Rins 105 (-32), 7. Nakagami 92 (-45), 8. Espargaro 90 (-47), 9. Miller 82 (-55), 10. Oliveira 79 (-58)… Classement complet ici