Ce que voulait Fausto Gresini

L’arrivée, chez Gresini MotoGP, d’Enea Bastianini et de Fabio di Giannantonio, est l’aboutissement d’un vœu cher au regretté Fausto Gresini. Les deux pilotes italiens avaient fait leurs débuts en championnat du monde à ses côtés quelques années plus tôt.

Les plans 2022 de Gresini Racing en MotoGP sont fixés : l’équipe italienne, à nouveau indépendante après sept années de collaboration avec Aprilia, travaillera avec le Ducati. La firme de Borgo Panigale lui fournira deux Desmosedici GP21, avec de possibles évolutions techniques en cours de saison. Les motos seront confiées à Enea Bastianini et Fabio di Giannantonio, pour une association constructeurs-team-pilotes 100 % italienne.

Les discussions entre les deux parties ont été initiées fin 2020, ainsi que l’a expliqué Gigi Dall’Igna, de chez Ducati Corse. Aprilia espérait pouvoir compter sur Gresini Racing pour lancer une équipe satellite en 2022. Mais dès l’hiver, Fausto Gresini avait laissé des indices indiquant un possible changement. « Avec Aprilia, je n’ai pas été en mesure de donner, ou avoir, ou peut-être créer le ‘quelque chose en plus’, j’étais toujours considéré comme un peu externe. J’aurais aimé être plus incorporé », témoignait-il.

Ce nouveau départ de la structure Gresini Racing a été entériné par son épouse, Nadia Padovani, désormais cheffe de l’équipe. Elle l’a fait en accord avec ce que voulait Fausto, disparu le 23 février. « C’est un projet né de la continuité et basé sur les valeurs qui tenaient tant à Fausto », a-t-elle commenté lors de l’annonce. Et l’empreinte de Fausto Gresini se retrouve aussi dans le choix des pilotes.

L’un des souhaits du regretté manager italien était de créer une filière à l’intérieur du championnat du monde, où Gresini Racing roule dans toutes les catégories : former de jeunes pilotes dans la section Moto3, les faire évoluer en Moto2 puis les emmener en MotoGP. À l’image de ce qu’a fait KTM avec Brad Binder et Miguel Oliveira. « C’est notre objectif : avoir une filière et pouvoir emmener un pilote de ses débuts jusqu’à la catégorie reine, avait-il confié à Motosprint. C’est un rêve qui se réalise lentement. »

Le premier à se rapprocher de l’idéal de ce projet fut Daijiro Kato, poulain de Fausto Gresini en 250cc (2000-2001) puis passé avec lui en MotoGP en 2002-2003, avant de disparaître tragiquement après un accident au Grand Prix du Japon. Il y eut ensuite Michele Pirro, pilote Gresini Racing en Moto2 (2011) puis MotoGP (2012). Et enfin Sam Lowes, dans un schéma identique mais en 2016 et 2017.

L’histoire se répète en 2022. Fausto Gresini est l’homme qui a permis à Enea Bastianini d’entrer en mondial Moto3 en 2014. C’est avec lui qu’il a obtenu son premier podium (Catalogne 2014), puis sa première victoire (Misano 2015). Vice-champion du monde en 2016, l’Italien a ensuite roulé avec Estrella Galicia 0,0 (2017) et Leopard Racing (2018), avant de filer en Moto2 avec l’Italtrans Racing Team (2019-2020). Les portes du MotoGP se sont ouvertes en 2021 grâce à Ducati, qui lui a fait enfiler les couleurs d’Avintia Esponsorama Racing. Il retrouvera prochainement celles de Gresini Racing.

Comme Enea Bastianini, Fabio di Giannantonio est entré en Moto3 en 2016 sous la houlette de Fausto Gresini. Il y est resté jusqu’en 2018, avant de passer en Moto2 avec Speed Up (2019-2020). Mais s’est rapproché de lui en 2020 pour lui faire une proposition spéciale : une année de Moto2 en 2021 chez Federal Oil Gresini, puis un passage en MotoGP en 2022. ‘Diggia’ sera ainsi bientôt le premier pilote de l’histoire de Gresini Racing à avoir roulé avec dans les trois catégories du championnat du monde.