Jarvis : Crutchlow plus en forme que Lorenzo

« Cal est en forme pour la course, prêt. Il a montré une vraie passion pour faire ce travail (de pilote d’essai) et nous pensons qu’il est le bon choix. » Lin Jarvis (Yamaha Motor Racing).

L’annonce du retour de Jorge Lorenzo chez Yamaha, en janvier 2020, avait fait sensation. Après trois saisons passées sur d’autres machines, le quintuple champion du monde rentrait au bercail et retrouvait la M1 avec laquelle il avait remporté ses trois titres MotoGP, pour endosser le rôle de pilote d’essai. Mais moins d’un an plus tard, cette histoire appartient déjà au passé.

Aligné aux essais hivernaux de Sepang, en février, Jorge Lorenzo a ensuite dû faire une croix sur tout le programme qui l’attendait, qu’il s’agisse de testing (une session était prévue à Motegi en avril) ou de piges (il était inscrit au Grand Prix de Catalogne, en juin). La faute à l’épidémie de Covid-19, qui a fait annuler des essais privés, conduit à l’interdiction des wild-cards et, en définitive, chamboulé les plans de Yamaha.

Rappelé pour aller disputer le test de Portimao, en octobre, après 8 mois sans piloter, le Majorquin s’y est montré peu compétitif, avec des chronos plus lents que ceux des autres pilotes essayeurs. Suite à cela, il n’a pas été appelé pour remplacer Valentino Rossi, touché par le Covid-19, aux Grands Prix d’Aragon et de Teruel. Et le roulage de Portimao restera comme son dernier sur la M1.

Jorge Lorenzo n’a en effet pas été conservé par Yamaha, en dépit de son intention de continuer son travail en 2021. Le constructeur japonais a préféré enrôler Cal Crutchlow.

Lin Jarvis, patron de Yamaha Motor Racing, justifie cette décision : en termes de condition physique et de capacité à être rapide dès les premiers tests de 2021, Cal Crutchlow est plus avancé que Jorge Lorenzo. Le Britannique vient de faire le championnat du monde MotoGP 2020, tandis que le Majorquin n’a plus disputé de Grand Prix depuis novembre 2019, et n’a plus roulé devant depuis septembre 2018.

« Je pense que notre décision était basée sur le fait que Cal sort d’une saison complète en GP, explique-t-il. Dans le mème temps, Jorge a été éloigné d’une saison de GP compétitive durant une année complète, ou presque une année et demi. Cal est, disons-le comme ça, en forme pour la course, prêt a y aller, et il était disponible. Il a montré une vraie passion pour faire ce travail et nous pensons qu’il est le bon choix pour nous à ce moment-là. »

Le problème, répondra Jorge Lorenzo, est que l’occasion de faire ses preuves ne lui a pas été donnée. Il n’a effectué que deux tests cette année, à Sepang (février) et Portimao (octobre), pour un total de 174 tours bouclés, tous sur la version 2019 de la M1. Ainsi qu’il l’a expliqué, ce manque de roulage, couplé à un manque d’horizon donné par Yamaha, ne lui a pas permis de maintenir le niveau d’engagement et d’entraînement qu’il lui aurait fallu pour être compétitif à Portimao.

La faute, rétorque Yamaha, à la crise sanitaire, et les complications liées à la collaboration du staff japonais en Europe. « Nous avions un programme de test complet prévu pour Jorge Lorenzo, mais nous utilisions un test team japonais avec du staff européen, et en réalité nous ne l’avons fait rouler que deux jours à Sepang puis au test de Portimao. » Seuls des soucis logistiques auraient freiné l’implication des Bleus, nous assure-t-on.

Mais des leçons vont être tirées, promet Lin Jarvis. « Nous ne ferons pas deux fois la même erreur. Nous allons mettre en place un programme de test plus intense l’an prochain. »

Ce « programme de test plus intense », Yamaha en a besoin pour résoudre les problèmes dont se plaignent les pilotes actuels. Les trois hommes qui disposaient de la M1 modèle 2020, à savoir Maverick Viñales, Fabio Quartararo et Valentino Rossi, ont tous critiqué une machine irrégulière selon les circuits, frappée de problèmes de pneumatiques et de puissance.

Le gel d’une partie du développement pour 2021, là encore lié à la crise sanitaire, n’arrange pas les affaires de la firme d’Iwata. Mais certains aspects de la machine peuvent toutefois être améliorés, afin de la rendre plus constante en performance. « Nous avons beaucoup d’informations de cette année, donc nos ingénieurs vont changer le châssis et travailler pour améliorer la moto. Nous aurons les retours des tests de Cal, plus les essais officiels de pré-saison, donc nous sommes assez confiants de pouvoir régler ce problème l’an prochain. »

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