« On n’est jamais prêt » : les mots de Simoncelli pour la famille Dupasquier

Père du regretté Marco Simoncelli, Paolo s’est adressé avec émotion à la famille de Jason Dupasquier, à l’issue du tragique Grand Prix d’Italie 2021.

Les communiqués de presse de l’équipe SIC58 Squadra Corse ne ressemblent à aucun autre. Ils prennent la forme d’une lettre écrite par le patron du team, Paolo Simoncelli, où il revient sur les performances de ses pilotes – Tatsuki Suzuki et Lorenzo Fellon cette année –, et s’exprime parfois sur différents sujets d’actualité.

La triste actualité du Grand Prix d’Italie est évidemment la disparition de Jason Dupasquier. Paolo Simoncelli revient dessus, après avoir fait un détour par les résultats de Tatsuki Suzuki (10e) et Lorenzo Fellon (20e). L’Italien connaît malheureusement ce genre de situation, puisqu’il a lui-même perdu son fils Marco en piste, lors du dramatique Grand Prix de Malaisie 2011.

Il termine, enfin, sur une autre anecdote : ses retrouvailles avec Elio Deganello, ancien mécanicien de Marco, présent au Mugello un an après son grave accident en motocross. Le voir réuni avec son père Aligi malgré son handicap lui a fait penser à son propre fils. La parole à Paolo Simoncelli :

« Ce Mugello a été incroyablement triste, du premier pas que j’ai fait dans le circuit le mercredi matin, au dernier pour sortir dimanche après-midi. D’abord, à cause des tribunes vides qui remplaçaient le bruit des moteurs, des tronçonneuses et des bombes fumigènes des derniers années, quand le slogan était ‘Tu ne peux pas dormir au Mugello’ ; enfin, pour la nouvelle déchirante de Jason Dupasquier. »

« Le début de week-end a été agité pour Lorenzo Fellon. Nous avons un peu discuté et j’essayais de lui expliquer ‘calmement’ comment fonctionne la vie dans un team. Il est passé de la dernière position au milieu du classement, donc je suppose qu’il a compris, je suis satisfait. »

« Pole position samedi pour Tatsuki Suzuki après avoir souffert dans les dernières courses, que je qualifie de ‘diverses vicissitudes’. Il a fait une bonne course, mais dans un groupe de furieux avec tellement de pilotes en peu de dixièmes, et la ligne droite principale du Mugello est sans fin. La pole position donne toujours des émotions énormes, mais nous nous sommes ‘réconciliés’ pour de vrai juste au moment où il m’a offert sa montre (cadeau Tissot reçu après une pole, NDLR). »

« C’est difficile à dire, et difficile à entendre, mais la moto nous prend parfois quelque chose en retour, comme une taxe à payer. C’est un sport risqué, qui coûte cher, les pilotes le savent, on le sait tous, mais on n’est jamais prêt quand vient le temps d’en payer le prix. Mes pensées vont à la famille de Jason, je connais ce type de douleur et il n’y a aucune consolation. Je sais qu’ils ont un autre fils qui roule, maintenant ils vont devoir faire face à une autre décision difficile. »

« Dans toutes les interviews que j’ai faites durant ces années, j’ai toujours dit que j’avais de la chance pour la façon dont j’ai perdu Marco, sans souffrir, parti en faisant ce qu’il aimait le plus, sans vivre dans la douleur ou la souffrance, ou limité après la vie pleine d’expériences qu’il a eue. Parce que naître dans une certaine condition est une chose, ,mais s’adapter à une vie sans l’usage de ses bras et de ses jambes après un accident en est une autre, je pense que ce serait difficile de l’accepter. Mais ensuite, samedi, j’ai vu Elvio, un an après son accident, avec son père Aligi Deganello, tous deux souriants. »

« Elvio était le même Elvio, malgré tout. Ils ont encore la chance de s’embrasser, de rire ensemble, de discuter. Je suis tellement content pour eux et les voir encore plus près qu’avant, ça m’a fait penser que… eh bien, peut-être que ‘je n’ai pas été si chanceux’. »

-PaoloSic58-