La crise sanitaire liée au coronavirus entraîne des difficultés économiques pour les équipes du championnat MotoGP. Celles-ci ont des factures à payer. Or, les reports et annulations de Grands Prix affectent les rentrées d’argent. Comment cela se passe concrètement ? Ruben Xaus, team-manager de l’équipe Reale Avintia Racing, l’explique.
Pour une équipe privée, le plus gros problème vient du manque d’argent lié aux paiements des sponsors, qui n’arrivent pas puisqu’il n’y a pas d’événement sportif. « Si le championnat ne débute pas, on ne peut pas demander à un sponsor de payer. C’est un problème, surtout pour les équipes privées parce que nous sommes plus faibles », indique-t-il à Sky Sports repris par Motorsport. Dans le cas de Reale Avintia Racing, le budget tourne autour de 11,5-12 millions d’euros, dont 65-70% comprennent la location des motos.
Or, ces motos ne roulent pas, ne passent pas à la télévision et dans les médias. « Quand les sponsors voient la moto à la télévision, ils sont contents de payer, mais s’ils ne payent pas alors il nous manque 15 % du budget, soit environ 2 millions d’euros. » Les premiers paiements arrivent fin février ou en mars. Certains ont payé en avance et Ruben Xaus les remercie, « mais ce n’est pas une somme énorme, cela nous a fait tenir 2-3 mois et aujourd’hui nous sommes dans le rouge, comme les autres teams privés. Il nous manque 10-15 % de budget pour payer le leasing des camions, les locaux, le personnel… »
Plus tôt le championnat reprendra, mieux la situation économique sera pour les équipes, donc. On comprend là pourquoi la Dorna envisage de disputer des Grands Prix à huis clos : c’est notamment pour permettre aux motos de rouler, donc aux sponsors de payer. Cela ne devrait pas arriver avant de longues semaines, le début du championnat étant pour l’instant prévu le week-end du 21 juin, avec le Grand Prix d’Allemagne. « C’est une situation difficile mais nous sommes habitués à joindre les deux bouts, relativise le team-manager. Le MotoGP est un sport cher. La vie est difficile mais il ne faut pas baisser les bras. »
S’il a cette note positive, c’est parce que Ruben Xaus a aussi des motifs pour être rassuré. D’une part, l’aide apportée par la Dorna : 750 000 euros (250 000 euros/mois d’avril à juin), donnés à chaque équipe privée pour permettre leur survie. D’autre part, la compréhension de Ducati, qui va visiblement adapter ses prix par rapport à la situation.
« La Dorna apporte une grande aide à tous les teams privés et cela va nous permettre de payer les frais fixes. Pas les motos, même si les constructeurs ont compris que l’on ne peut pas payer un leasing pour des motos qui n’ont pas roulé. Nous parlons avec Ducati deux ou trois fois par semaine et il se sont très bien comportés. On arrivera à un accord par rapport au coût, qui dépendra de la durée du championnat, de l’usage des moteurs, du matériel, de la logistique. »
Sportivement, enfin, le team-manager croit que la pause causée par le confinement ‘avantage’ l’équipe Reale Avintia Racing (« Par rapport aux autres équipes, cet arrêt est plus positif que négatif pour nous »). Il l’explique par la situation personnelle de Johann Zarco, qui n’a découvert la Ducati que début février et bénéficie de plus de temps pour se préparer. « Cet arrêt nous fait souffrir d’un point de vue économique, mais il nous donne de la marge pour mieux organiser les choses. Je sais que Zarco s’entraîne dur. Johann a fait ses débuts sur la Ducati, il est en train de s’adapter et il aura maintenant plus de temps pour se préparer physiquement. Tout le monde a désormais pris le rythme et cela met tout le monde sur un pied d’égalité. »
4,5 millions d’euros sortis par la Dorna pour aider les teams privés MotoGP (coronavirus)
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