
À l’aube de sa quarantième saison de Grand Prix, Hervé Poncharal, team-manager de Tech3 KTM Factory Racing, seule équipe française engagée en moto GP, s’est confié à GP Inside. Il y parle préparation de 2022, motivation, ambitions ou encore travail avec ses deux nouveaux pilotes, Remy Gardner et Raul Fernandez.
GP-Inside : Comment s’est déroulée la trêve hivernale chez Tech3 ?
Hervé Poncharal : « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est un moment très chargé pour nous et, à part pour les fêtes, je peux te dire qu’on ne chôme pas. Dès la fin des essais de Jerez, en novembre, on se projette déjà sur la saison suivante, car la logistique est lourde. Il faut anticiper les déplacements dans le monde entier, préparer les camions avec les décorations qui évoluent d’une année sur l’autre, le nouvel hospitality qu’on utilisera sur les courses européennes, les nouvelles tenues pour la quarantaine de personnes du team avec les éventuels changements de sponsors, finaliser tous les contrats… »
« Bref, c’est une période très active pour les équipes, même si les fans ne le voient pas. Mais j’ai quand même réussi à trouver le temps d’aller me faire quelques balades à VTT dans notre beau massif des Maures, et à passer un peu de temps avec mes potes et ma famille, que je vois rarement pendant la saison. Le 10 janvier, on est allés passer une semaine à Mattighofen, en Autriche, chez KTM, pour l’assemblage définitif des motos qui sont désormais en caisse, prêtes à partir dans quelques jours pour les premiers essais officiels, en Malaisie. »
Peux-tu nous parler de tes deux nouveaux pilotes en MotoGP, Remy Gardner et Raul Fernandez ?
HP : « J’ai toujours adoré travailler avec de jeunes pilotes, et quand en plus ils sont sympas et talentueux comme Remy et Raul, champion et vice-champion du monde Moto2 2021, j’ai des raisons d’être optimiste ! J’étais avec eux la semaine dernière, en Autriche, et je peux t’assurer que tout le monde est très excité et impatient d’attaquer la saison. Quand tu es un jeune pilote, ton but ultime est de rouler au plus haut niveau, en Moto GP. Là ils y sont tous les deux, là où ils ont toujours rêvé d’arriver, avec des machines officielles identiques à celles de Binder et Oliveira. Donc cette année, je ressens une excitation générale que je n’avais pas connue depuis longtemps. »
Donc tu es toujours satisfait de ta relation avec KTM ?
HP : « En toute sincérité, c’est un véritable bonheur de travailler avec eux. Au-delà des résultats sportifs, puisque c’est avec eux que Tech3 a obtenu ses deux premières victoires en Moto GP, nous avons une relation humaine exceptionnelle, et ça compte beaucoup pour moi. Avoir un contact aussi facile et direct que celui que j’ai avec Pierer (le président de KTM, NDLR), qui me parle de ses projets et de ses ambitions, est un privilège dont je ne me lasse pas. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à signer pour cinq ans avec eux, jusqu’en 2026. Bien sûr, l’objectif est d’être un jour champion du monde avec eux, mais tu sais comme moi que pour arriver à décrocher ce titre suprême, il faut un parfait alignement des planètes. Alors j’espère que ce sera le cas. On fait tout pour ! »
Après toutes ces années de GP, tu as toujours la même motivation ?
HP : « La motivation évolue en fonction des situations. J’ai commencé au début des années 80 en filant un coup de main à un pote qui roulait en GP, et maintenant, je suis en Moto GP, avec aussi une équipe en Moto 3 et une en Moto E ; les responsabilités ne sont pas les mêmes. Je vais avoir 65 ans dans quelques semaines, mais j’ai toujours la passion et l’envie. Je peux te dire qu’à la dernière victoire d’Oliveira, à Portimao, j’étais ému comme un gamin qui atteint son rêve. Le jour où tu n’as plus cette envie, tu ne peux plus continuer à supporter cette vie contraignante où tu es loin de chez toi pendant au moins trente semaines entre les courses et les essais. Mais pour l’instant, ma motivation est intacte. »