Diogo Moreira, qui fera ses premiers pas dans la catégorie MotoGP l’an prochain, deviendra le premier représentant brésilien en près de deux décennies.
C’est une anomalie historique qui est sur le point d’être réparée. Le Brésil, terre sainte du sport auto qui a offert des légendes comme Ayrton Senna, Nelson Piquet ou Emerson Fittipaldi sur quatre roues, était devenu pratiquement invisible au palmarès des Grands Prix moto. En officialisant son arrivée dans la cour des grands pour 2026, Diogo Moreira ne fait pas que signer un contrat : il met fin à près de deux décennies de silence pour le Brésil.
Plus précisément, il faut remonter à 2007... À cette époque, les MotoGP étaient pourvues de moteur de 800 cm3 et Casey Stoner décrochait son premier titre, le premier d'un pilote Ducati. C’était aussi la dernière année où le drapeau auriverde flottait fièrement sur la grille de départ grâce à un certain Alex Barros.
En 17 saisons au plus haut niveau (500 et MotoGP) (après quelques années en 80 cm3 et 250 cm3), le natif de São Paulo a incarné la résistance face aux géants américains et européens. Les chiffres sont là et soulignent le vide qu’il a laissé : 245 départs, 32 podiums et 7 victoires. Il est l’un de ceux à avoir triomphé pour le compte de deux constructeurs différents (Honda et Suzuki) et à avoir grimpé sur la boîte pour cinq marques distinctes, de Cagiva à Ducati en passant par Yamaha.

Sur la grille de 2025, il ferait jeu égal avec des champions comme Fabio Quartararo ou Jorge Martin en termes de podiums. Seuls des monstres sacrés comme Marc Marquez (126 podiums), Pecco Bagnaia (59) et Maverick Viñales (35) le surpassent. C’est dire l’ombre gigantesque qui plane au-dessus de la tête du jeune Moreira dont le mentor, celui qui l'a poussé en vitesse, n'est autre que Barros lui-même.
Mais Diogo Moreira n’est pas du genre à trembler. Arrivé en Europe très jeune pour se frotter à l’élite, il a su cultiver un style de pilotage agressif, hérité de ses années en Supermoto. Contrairement à ses prédécesseurs des années 70 et 80, comme Marco Greco ou Eduardo "Adu" Celso-Santos qui n’ont pas réussi à percer (quelques points glanés tout au plus), Moreira arrive avec le statut d’un pilote capable de gagner. Son titre de "Rookie of the Year" en Moto3 avait déjà envoyé un signal, mais son sacre en Moto2 a enfoncé le clou
Une attente nationale
L’arrivée de Moreira est aussi un soulagement pour la moto brésilienne. Le pays, qui reste un marché colossal pour les constructeurs comme Honda ou Yamaha, n’avait plus de héros local à soutenir le dimanche devant la télévision. Entre la retraite de Barros en 2007 et l’avènement de Moreira, ce fut le néant, ou presque. L’an prochain, ils auront enfin l’un des leurs à encourager au premier virage, et ça même sur leurs terres puisque le Brésil sera de retour au calendrier pour la première fois depuis 2004.
Photos : LCR et FIM (Maurice Büla Copyright)